On dit aujourd’hui que quatre grains d’informations personnelles se baladent sur les réseaux numériques.

Les fichiers sont les premiers grains. Ils sont constitués le plus souvent sur la base de formulaires auxquels les personnes répondent.

Les seconds grains sont les traces, données de connexion techniques (logs) laissées obligatoirement à l’occasion des passages des internautes sur les différents serveurs visités ou sur lesquels ils ont rebondis.

Les troisièmes grains sont les informations données par votre voisin sur vous même : la soirée bien arrosée de la veille sur la page FaceBook de la voisine dans un moment où on ne se trouvait pas dans une position favorable a été photographiée et est publiée à son insu sur une page FaceBook…

Enfin, le quatrième grain est constitué des informations que je donne sur moi même justement dans mon blog, ma page personnelle Web ou le réseau social.

La Loi peut intervenir pour réguler le premier de ces grains, imposer des obligations aux ficheurs et donner des droits aux fichés. C’est tout le sens des textes promulgués en France par le législateur dès 1978 avec la Loi dite Informatique et Libertés qui a, notamment, instauré la CNIL . Les textes ont été ensuite et à partir de 1995, suivis par des textes communautaires. La Loi peut également intervenir sur les traces techniques qui émaillent nos passages sur le Net. Elle le fait de manière désordonnée mais elle impose aux fournisseurs d’accès Internet et aux opérateurs de communications électroniques (Télécoms) de manière plus générale de conserver ces données sous peine, à défaut, d’être puni d’un an d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Elle impose également à toute personne donnant les moyens de créer un contenu accessible au public de conserver également ces mêmes données techniques pour permettre à la Justice d’identifier les personnes qui auraient créé un contenu portant atteinte à l’ordre public ou aux droits d’un tiers . A l’inverse, la Justice considère que la conservation de ces données impose, pour celui qui collecte ces données et les conserve, de se conformer à la Loi informatique et libertés. S’agissant du troisième grain, à savoir la publication d’images et d’informations personnelles concernant un tiers sans son accord, le droit intervient le plus souvent pour le sanctionner, soit par le biais de la violation du droit à l’image, soit par le biais de la violation d’un droit de la personnalité quelconque. Enfin, le dernier grain est problématique. Ce dernier grain est celui par lequel les personnes, et le plus souvent aujourd’hui les adolescents, vont volontairement s’afficher sur le réseau en révélant un maximum d’informations les concernant soit parce qu’ils en escomptent beaucoup d’amis, soit par stricte inconscience. Sur ce dernier grain et ses abus, la Loi ne peut rien. Elle ne peut en effet intervenir contre la propre volonté des individus. En revanche, l’éducation ici doit jouer à plein. Informer et alerter est le seul moyen d’agir, de réguler pour éviter à des citoyens en herbes, futurs chercheurs d’emplois, de vivre avec le regret éternel d’une information divulguée à « l’insu de son plein gré » et qui lui causera un grave préjudice.

Eduquer est ici une nécessité et une manière efficace de réguler la société. Oui, la répression n’est pas tout.